Un dimanche à Saint Etienne-aux-Clos (P.BOUSQUET-19-)

Samedi soir,16 janvier, Stéphane, président de la société de Saint Etienne-aux-Clos me téléphone :

 

-« Pierre, si demain tu es disponible, j’ai du boulot pour toi. Un cerf a été tiré sur la commune voisine de Savennes dans le Puy de Dôme. Il a sauté le Chavanon, puis a été relevé un peu plus loin mais pas poursuivi car la nuit tombait. Petit problème, il s’est mis à pleuvoir dru, les conditions risquent d’être mauvaises. »

 

Le cerf a été poursuivi par des chiens jusqu’au Chavanon pendant environ 5 km, c’est pas bon. Il a été relevé, c’est pas bon. Il pleut des trombes, c’est pas bon. Au matin il va geler, c’est vraiment pas bon.

 

-c’est bon ! Demain, je serai là à 8 h 30 !

 

Peu importent les conditions, j’ai là l’occasion de montrer l’intérêt de l’utilisation d’un chien de rouge pour la recherche du grand gibier blessé.

La difficulté dans ce secteur, c’est (en plus du relief) la grande densité d’animaux qui rend illusoire la possibilité de suivre la voie d’un animal vieille de plusieurs heures, sur plusieurs kilomètres si l’on n’a pas un chien de change parfaitement aguerri.

Le lendemain matin, c’est l’effervescence à Saint Etienne-aux-clos. La société de chasse a invité les membres de l’association des jeunes chasseurs à une battue au grand gibier.

Le président, Stéphane Bonnet, a bien fait les choses : la battue aura lieu dans un secteur de la commune éloigné de la zone où nous allons faire la recherche.

La société voisine de Confolent Port Dieu est prévenue, pour le cas où nous serions amenés à passer sur son territoire.

Il est 9 heures, nous voilà partis, les gars de Savennes et deux chasseurs locaux pour nous guider.

Le reste, c’est la recherche, ma passion, que je fais partager à mes compagnons du jour.

C’est le pied de l’animal qu’il faudra savoir reconnaître, lorsque plus tard sur la piste le sang aura presque disparu.

C’est l’observation de la voie du cerf et la position du sang par rapport à celle-ci qui nous indique qu’il a une blessure de la patte avant droite. La pente où, sans doute handicapé par sa blessure, le cerf a chuté puis est reparti…

C’est cette harde cachée dans des rochers vers laquelle nous entraîne ma chienne avant que, consciente de son erreur, elle ne s’assoie pour que je la ramène sur la voie qu’elle vient de quitter.

Et puis, il y a les animaux que l’on voit, tel ce cerf qui se lève à cinquante mètres devant nous et nous regarde, parfaitement immobile et de profil… Surtout ne pas s’énerver….. Est-ce lui l’objet de notre convoitise ? … Pour nous attendre, comme ça, il doit bien être blessé ? …..Il s’éloigne, boîte t-il ?…. Non ; il disparaît lentement dans le sous-bois.

 

Plus loin sur la coulée que nous empruntons, c’est la fuite éperdue d’une harde de biches et d’un daguet, mais Vickie continue sa quête et cent mètres plus loin une goutte de sang nous indique qu’elle a raison.

Puis la découverte de plusieurs reposées successives fait monter en flèche le moral de notre petite équipe.

Enfin, dans un fourré, Vickie nous indique la présence du cerf. On se place autour pour pouvoir le tirer. Malheureusement, celui d’entre nous qui est le mieux placé hésite car il n’est pas sûr d’avoir à faire au blessé. Quant il le voit suffisamment bien pour constater qu’il boîte, le cerf est trop loin…. . . et il le regarde partir au petit trot.

Les choses se compliquent, le cerf n’a pas l’air trop mal en point et maintenant, il va ruser pour perdre ses poursuivants.

Peu après, il entre dans une plantation et en ressort aussitôt poussant devant lui d’autres animaux comme l’attestent les traces toutes fraîches dans les feuilles mortes.

Trois cent mètres plus loin Vickie hésite , lève le nez, regarde à gauche, à droite.

Devant elle, dans la neige pas encore fondue, il n’y a que le pied des biches, le cerf a disparu !!

Il a doublé sa voie, laissant les biches continuer seules.

On cherche un indice de part et d’autre de la voie que l’on vient de suivre, on ne trouve rien, des traces d’animaux partout, mais où sont les bonnes?

On est sur le point d’abandonner, lorsque l’un d’entre nous trouve une goutte de sang sur une feuille de houx, et c’est reparti !

J’ai enlevé sa longe à Vickie pour moins la fatiguer. Elle suit la voie devant nous en libre. Soudain elle lève le nez, remue la queue, une biche détalle mais ce n’est pas ce qui intéresse ma chienne : sur la pente, en face de nous, statue immobile dans un carré de genets, un superbe cerf nous observe. Est-ce lui ?

Il commence à gravir la pente en boitant bas, puis s’arrête à nouveau. C’est bien lui, il est à environ deux cents mètres. L’un de nous essaye de le tirer, manqué !

Le cerf disparaît sur l’autre versant de la butte.

 

Et la piste continue jusqu’à une petite plantation de mélèzes. Nous en faisons le tour, apparemment pas de sortie. Le cerf est dedans !

Il est 14 heures, ça fait cinq heures que l’on marche. Seuls, on ne l’aura pas, il faut aller chercher du renfort.

Stéphane Bonnet demande à quinze chasseurs de venir avec nous .Ils prennent position autour de la plantation, les consignes sont ingénieuses : puisqu’il reste des bracelets, il est possible de tirer tout cerf coiffé. J’ai en mémoire la mésaventure qui m’est arrivée le mois dernier dans la Creuse : un cerf pareillement « fermé » dans un petit fourré n’a pas été tiré parce que le posté l’avait trouvé trop véloce pour être blessé et pourtant c’était bien lui…

A peine entrés dans le carré, une biche et son faon se lèvent devant nous, puis cent mètres plus loin c’est le cerf qui prend la fuite . . .Pas de coups de feu. Je lâche alors Vickie qui piaffe d’impatience. Quelques secondes plus tard une fusillade nourrie nous annonce que le cerf est sorti.

Corrèze :

Pierre Bousquet

Jean Pierre Haag

Françis Jenty

Pascal Peyraud

Eric Sovran

Didier Suze

Jacques Theil

 

Creuse :

Julien Chauvet

Raymond Limousin

 

Haute Vienne :

Elodie Bouillon

Christian Duburgt

Serge Vauzelle

 

(coordonnées en rubrique info )