La meilleure de l'année.(P.BOUSQUET (19))

Dimanche soir. Je rentre d’une recherche sur un chevreuil qui n’a pas aboutie, dans ces cas là la route semble plus longue. J’essaie de comprendre ce qui a pu clocher sans m’attarder à l’excuse trop facile d’une blessure légère.

Demain, un sanglier assez gros, qui a été poursuivi par les chiens courants mais sans résultat devrait me permettre de bien occuper ma journée à la limite du Cantal.

C’est alors qu’Eric m’appelle. Il vient d’arrêter, à la nuit, la recherche qu’il a mené toute l’après-midi sur un sanglier blessé à une patte. Aucun autre conducteur n’étant disponible, il insiste pour que je prenne le relais de sa recherche interrompue. Seul problème : c’est dans le Puy de Dôme, près du Mont Dore, pas vraiment la porte à coté et en plus j’ai l’autre sanglier à aller chercher…

Comme je ne sais pas à quelle heure j’en aurai fini avec le premier sanglier, nous convenons que si ce n’est pas trop tard, je contacterai le tireur pour reprendre la recherche lundi après midi.

Le lendemain, la première recherche est rondement menée et nous retrouvons le sanglier mort assez vite. Il n’est même pas 11 h…en route pour le Mont Dore !

Deux chasseurs qui avaient accompagné Eric sont là pour m’aider.

Nous reprenons la voie en refaisant les 500 derniers mètres faits la veille, le temps que Vickie s’imprègne bien de l’odeur de l’animal. En effet, quand on recherche un animal blessé il ne s’agit pas de relever un chevreuil, un cerf ou un sanglier mais LE chevreuil, LE cerf ou LE sanglier qui a été blessé et le chien doit pouvoir le suivre pendant plusieurs kilomètres sans faire de change.

Les 500 mètres sont rapidement parcourus, ensuite, c’est l’inconnu.

Nous traversons un ruisseau, un petit bois puis une grande prairie .Peu avant de rentrer dans le fourré d’épines noires qui borde l’autre coté de cette prairie, une goutte de sang confirme que nous sommes sur la bonne voie.

Vickie dresse la tête, prend le vent : elle sent un animal en contre-bas au beau milieu des épines noires. Je l’incite à continuer à travailler la voie au sol car je ne suis pas sûr que cet animal soit le sanglier que nous cherchons.

On parcourt ainsi une soixantaine de mètres avant d’entendre craquer des branches devant nous : pas de doute l’animal vient de partir. Vickie veut le suivre et le fourré est impénétrable. Je décide de lui faire confiance et de la lâcher en espérant qu’elle pourra bloquer le sanglier qui n’est pas bien gros(40 kg environ)

Le bruit de la poursuite s’éloigne, nous nous glissons comme nous le pouvons sous les buissons jusqu’à une bauge toute fraîche mais où il n’y a pas de sang.

Dans la terre le pied du sanglier est très gros…et merde ! ce n’était pas notre animal !

Pourtant Vickie ne revient pas et ça m’étonne. Le temps passe, normalement elle aurait déjà dû revenir. Peut être la bête rousse blessée avait-elle rejoint sa mère dans ce fourré ?

Ca fait bien un quart d’heure que Vickie est partie, elle a un collier émetteur, mais j’ai laissé le récepteur dans la voiture…Un de mes accompagnateurs se propose pour aller me le chercher et, tandis qu’il se dirige vers ma voiture, il retrouve mon chien qui vient nous rejoindre.

Je remets Vickie à la dernière goutte de sang que nous avons retrouvée et elle reprends le même chemin. Elle arrive à la bauge et je lui enlève la longe afin de pouvoir la suivre dans l’enfer des épines noires.

Elle ne suit pas la voie prise par le gros sanglier, mais plutôt la trace d’un autre animal qui nous est mise en évidence par des feuilles retournées.

Vickie travaille en libre, elle fait dix mètres puis s’arrête pour attendre que nous ayons fait ces mêmes dix mètres en …deux ou trois minutes. Le doute n’est plus permis : sur le sol on voit par endroit les traces toutes fraîches de sangliers plus petits : la compagnie s’était bien regroupée pendant la nuit.

Après une demi heure à ramper dans ce fourré, nous sortons dans un pré. De l’autre coté, à l’ombre de grands sapins, dans la neige qui n’a pas fondu on peut voir le pied de nos animaux : La mère avec trois ou quatre bêtes rousses. Mais aucune trace de sang, pourtant, je suis sur que Vickie ne se trompe pas.

Nous traversons une forêt d’épicéas, un ruisseau puis nous attaquons une pente raide…et dire qu’il y en a qui croient toujours qu’un sanglier blessé ne monte pas les pentes !

Sur la coulée que nous suivons maintenant, il n’y a la trace que d’un seul animal : c’est le blessé qui a quitté la compagnie.

Les choses me paraissent claires maintenant : Vickie a suivi les sangliers jusqu’à ce que le blessé soit isolé et s’arrête dans un fourré puis, elle est venu nous chercher !

Quelques centaines de mètres plus loin, il y a un roncier dans lequel s’engage la chienne. Elle s’arrête ,dresse les oreilles, le fouet battant et se retourne vers moi en gémissant : c’est sa façon de me dire : «  bouges toi le cul, le sanglier est là et il va partir ». Et c’est ce qu’il fait sans que l’on puisse le voir. Vickie part derrière lui. Cinq minutes après elle est de nouveau avec nous et gémit en me demandant de la suivre. Le sanglier doit être fatigué car il n’a pas dû aller bien loin ce coup là.

Nous suivons à nouveau la chienne qui nous mène dans un grand roncier en bordure d’un pacage à 5 ou 600 mètres de là.

Vickie par son comportement nous indique la présence du sanglier. Son regard va alternativement du roncier où se trouve le sanglier à moi à qui elle semble demander «  qu’est-ce que tu décides ? »

Effectivement, c’est quand même moi le patron même si, depuis un bon bout de temps c’est Vickie qui dirige les opérations.

Donc, comme je ne veut pas décevoir ma chienne, je donne les consignes : celui de mes accompagnateurs qui a une carabine va se mettre dans le pacage, l’autre reste avec moi. On attends que le premier ait le temps de se placer puis je donne à Vickie, l’ordre : chopes-le !

Elle se précipite dans le fourré, et ça tourne à toute vitesse là dedans sans que l’on ne puisse voir quoi que ce soit.

Le second chasseur qui s’est avancé me crie : je le vois ! Il bourre la chienne !

A ce moment, j’entends des aboiement puis le sanglier passe dans une trouée à quelques mètres devant moi avec Vickie qui le poursuit. Quelques secondes plus tard, par la même trouée, je voie passer Vickie poursuivie par le sanglier !

Le second chasseur qui s’est découvert une vocation de Jagdt terrier se précipite dans les ronces…Un instant plus tard, un coup de feu claque dans le pacage et le chasseur posté là-bas, nous crie que, ça y est, c’est fini ,il vient d’achever le sanglier .

C’est une bête rousse d’environ 45 kg qui avait une patte avant cassée.

 

Corrèze :

Pierre Bousquet

Jean Pierre Haag

Françis Jenty

Pascal Peyraud

Eric Sovran

Didier Suze

Jacques Theil

 

Creuse :

Julien Chauvet

Raymond Limousin

 

Haute Vienne :

Elodie Bouillon

Christian Duburgt

Serge Vauzelle

 

(coordonnées en rubrique info )